Pilier de la construction européenne, citée en exemple pour sa rigueur budgétaire et ses excédents commerciaux, l’Allemagne est pourtant loin d’être un modèle pour des milliers de parents non germaniques dont les enfants se trouvent à leurs yeux « capturés » outre-Rhin. Sans espoir de retour. C’est le drame qui se joue dans ce pays. Parfois dans un silence coupable des autorités françaises malgré les dénonciations et pétitions lancées par le parent concerné. Lorsque des couples se séparent, l’un des parents allemand se voit attribuer par son pays la garde exclusive de l’enfant, sans que l’autre parent, non Allemand, ni résidant en Allemagne, n’ait droit à revoir l’enfant. Au non d’un sacro-saint principe : l’intérêt de l’enfant est toujours de rester auprès de son parent allemand, en Allemagne. Dans ce pays où le budget de la justice est le double de celui de son voisin français, le tout-puissant Jugendamt (l’office de la jeunesse, dont le budget annuel est estimé à 35 milliards d’€), pèse de tout son poids pour maintenir les enfants sur son sol.
À Toulouse, le cas de Stéphanie révèle une fois encore les incohérences et imbroglios juridiques entre ces pays.
Cette Toulousaine se bat avec des collectifs et des associations françaises contre une décision de la justice allemande qui a accordé la garde exclusive de sa fille, 8 ans, à son père, citoyen allemand. Une décision contraire à celle de la cour d’appel de Toulouse qui avait estimé que la résidence principale de l’enfant, née à Toulouse, se trouve dans cette ville avec une garde confiée à la mère. C’est en voulant faire respecter ces arguments que Stéphanie s’est rendue en Allemagne pour récupérer son enfant alors qu’elle devait rester une année outre-Rhin pour apprendre la langue et la culture de son père. Une manifestation de soutien est d’ailleurs prévue à Toulouse ce vendredi 3 juillet alors que la France s’apprête à déposer, à la demande de l’Allemagne, une procédure de retour de l’enfant chez son père. Car aux yeux des autorités allemandes, Stéphanie à « enlevé » sa fille. En France, son avocate, Me Dupont-Baillon, spécialiste de ces dossiers, dénonce une situation « scandaleuse ». « Toutes les nationalités sont concernées et les autorités françaises ne tapent pas du poing sur la table », regrettant que personne n’ose « s’attaquer à l’Allemagne ». Selon l’association Enfants Otages qui soutien le combat de la Toulousaine, il y aurait 84 000 enfants allemands « enlevés », dont 72 % issus de familles dont l’un des parents n’est pas Allemand. « La Convention européenne établit des règles qui sont détournées par l’Allemagne », ajoute Alain Joly, le président. Il y a 2 ans déjà, le Parlement européen a haussé le ton contre l’Allemagne, seul pays de l’Union à refuser d’appliquer le droit européen, en violation avec la convention de La Haye. Une résolution a été adoptée, ciblant Berlin et provoquant l’agacement des eurodéputés. Ces drames ne concernent pas uniquement la France et l’Allemagne. Malgré le combat judiciaire d’une jeune mère de Salles-d’Aude (11), son fils de 4 ans, né au Japon, est obligé de vivre dans ce pays (lire ci-dessous). Des drames qui touchent des milliers de binationaux contraints de vivre loin de leur enfant après des décisions unilatérales prises souvent en faveur du pays dont est originaire le père.